Le décret n° 2020-314 du 25 mars 2020 complété par celui du 26 mars 2020 autorise la prescription de l’hydroxychloroquine pour le traitement des personnes atteintes par le Covid-19. Édicté par le Premier ministre, ce texte s’ajoute aux dispositions contenues dans le Code de la Santé Publique (CSP) qui fixent le cadre juridique dans lequel un médicament peut être utilisé pour une indication non couverte par l’autorisation de mise sur le marché qui lui a été attribuée (AMM) (cf. notre contribution précédente).
Quelles sont les apports de ce nouveau cadre juridique de prescription de l’hydroxychloroquine ?
Ce nouveau dispositif s’inscrit dans le cadre de la loi n° 2020-290 du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de covid-19 qui prévoit dans son article que « le Premier ministre peut, par décret « En tant que de besoin, prendre toute mesure permettant la mise à la disposition des patients de médicaments appropriés pour l’éradication de la catastrophe sanitaire ». Il peut donc en toute légalité déroger à des dispositions législatives en vigueur (art L3131-15 9°CSP).
Premiers traitements à l’hydroxychloroquine des patients atteints du Covid-19 : cadre et enjeux juridiques d’une prescription controversée
Par Aude Rouyere, professeur de droit public, Université de Bordeaux, Institut Léon Duguit
Alors qu’une étude clinique de grande envergure vient d’être lancée pour tester l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans le traitement des patients atteints par le Covid-19, l’équipe de l’Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille dirigée par le professeur Didier Raoult a commencé à la prescrire à ses patients. Cela fait déjà plusieurs semaines que l’hypothèse des vertus de cette molécule notamment commercialisée par le laboratoire SANOFI sous la forme du médicament PLAQUENIL est étudiée. Les premiers résultats l’associant à un antibiotique – l’azithromycine – sont apparus à l’équipe suffisamment encourageants pour décider d’ores et déjà son administration à ses patients infectés par le virus « au plus tôt de la maladie, dès le diagnostic, avant que cela ne s’aggrave » (Professeur P. Parola, chef du service des maladies infectieuses de l’IHU à Marseille).